EN BREF

Evaluation médico-psycho-sociale sous forme d’écoute active.
A quel âge et dans quelle contexte avez- vous consommé de l’alcool pour la première fois ?
A quelle fréquence avez vous poursuivi votre consommation d’alcool ?
A quelle période votre consommation a été la plus problématique ?
Avez vous connu des périodes d’abstinence totale ?
Consommez vous d’autres produits ?
Avez vous déjà eu un suivi addictologique ? (consultation avec un addictologue/CSAPA/cure de sevrage/médication antérieure et leur efficacité)
Buvez vous seul(e) et/ou accompagné(e) ?
Ou consommez vous de l’alcool (à votre domicile, à l’extérieur…) ?
Quels effets recherchez vous en consommant ? ( euphorie, désinhibition et/ou apaisant…)
Que pense votre entourage de votre consommation ?
Quelles sont vos consommations d’alcool en une journée et en un semaine ?
A combien estimeriez vous la fréquence des jours de forte consommation ? (≥6 verres standard)

Ces deux derniers paramètres ont montré une relation de proportionnalité avec les principaux risques médicaux liés à l’alcool (SFA 2023 53,54).

Il est important de connaitre l’histoire de vie du patient :

-Ou habitez vous ? (logement stable , hébergement…)

-Etes vous en couple ( marié, concubinage) ou célibataire actuellement ?

-Avez vous des enfants ? Quelles relations entretenez vous avec eux ?

-Quelle est votre activité professionnelle ? (emploi stable ou précaire ?)
-Avez vous une invalidité ? une allocation adulte handicapé ? Quelle est votre protection sociale (obligatoire et facultative)

-Qu’aimez vous faire dans la vie ? Quelles sont vos loisirs ?

-Avez vous toujours de la famille et quelle relation entretenez vous avec elle ?
-Comment s’est déroulé votre enfance et votre parcours scolaire ?

– Quelles ont été les évènements marquant de votre vie ? Avez vous eu des traumatismes ?

Plus de 30% des patients présente au cours de leur vie un trouble psychiatrique secondaire à leur consommation.
En effet, une prise aiguë d’alcool peut être anxiolytique et avoir des effets psychotropes positifs (souvent recherchés par le patient). Cependant en prise chronique, cela entraîne souvent une symptomatologie anxieuse et dépressive, qui peut faire croire à une pathologie psychiatrique.
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Eliminer un trouble induit
Devant un syndrome anxieux ou dépressif, avant de décider de mettre en place un traitement, il faut distinguer si celui ci est:
Primaire: le trouble psychiatrique est présent avant le début du TUA , et il persiste après 2-4 semaines de sevrage.
Secondaire: le trouble s’installe après le début du TUA, et disparait avec le sevrage.

Pour cela il est recommandé d’évaluer la clinique du patient après une période d’au moins 2 semaines d’abstinence (dans la mesure du possible).

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Eliminer un et/ou des troubles préexistants

  • Episode dépressif
  • Troubles anxieux
  • Trouble bipolaire
  • Schizophrénie
  • Troubles de la personnalité : Antisociale, Bordeline (état-limite)
Devant leur fréquence importante il est primordial de les dépister:
-le risque de mésusage de l’alcool est plus sévère
-leur cooccurrence peut diminuer l’observance thérapeutique et l’efficacité thérapeutique
-la consommation d’alcool peut aggraver la symptomatologie

Antécédents personnels et familiaux
  • Facteurs de risque cardio-vasculaire et de cancer associés
  • Facteurs de risques d’hépatite viraux et VIH : usage de drogue/sniff, transfusions/tatouages/voyages/conduite sexuels à risque
  • Accidents de sevrage (crise d’épilepsie, délirium tremens…)
Signes fonctionnels à rechercher
  • Signes de sevrage matinaux cédant après la prise d’alcool: nausées/vomissements, sueurs, tremblements…
  • Orientant vers une atteinte neurologique : tremblement d’action, trouble de la marche , trouble cognitif, douleurs neuropathiques des membres inférieurs
Les carences nutritionnelles étant fréquemment associées au mésusage de l’alcool. Tous signes neurologiques doit conduire à l’exploration d’une carence nutritionnelle: notamment en vitamine B1.
  • Orientant vers une atteinte ORL:
    • «La règle du 1 pour 3 = si un de ces symptômes suivants persistent pendant 3 semaines = douleur linguale et/ou pharyngée, ulcères de la langue, gêne dans la gorge , enrouement persistant, ganglions cervicales, obstruction nasale unilatérale et/ou épistaxis unilatérale.
    • Dysphagie : doit être explorée par un examen ORL avec fibroscopie nasopharyngée et fibroscopie œso-gastro-duodénale.
    • Dysphonie persistante > 8-15 jours: doit être orientée vers ORL pour fibroscopie nasopharyngée.
  • Orientant vers une atteinte digestive : nausée et vomissements chroniques, crises douloureuses abdominales, RGO, diarrhée, épisode d’hémorragie digestive
  • Orientant vers une atteinte hépatique : signes d’insuffisance hépato-cellulaire
  • Signes évocateurs d’une IST
Il est indispensable de réaliser un examen clinique complet
Nutritionnel
  • IMC
  • Recherche d’une variation de poids récente
Un IMC élevé n’élimine pas une dénutrition
Cardio-vasculaire
  • Signe d’insuffisance cardiaque
  • ECG
Hépatologique
  • Anomalies à la palpation : hépatomégalie, bord tranchant du foie
  • Signes d’hypertension portale: splénomégalie, circulation veineuse collatérale abdominale, ascite
  • Signes d’insuffisance hépato-cellulaire : ictère, ongles blancs, érythrose palmaire, angiomes stellaires
-La stéatose soit 90 % des buveurs ≥ 6 unités/ jour est asymptomatique et réversible.
-La stéatohépatite soit 10 à 35 % des patients hospitalisés pour dépendance à l’alcool est le plus souvent asymptomatique en l’absence de cirrhose.
-La cirrhose est estimée à 10-20 % chez les buveurs ≥ 6 unités par jour.
Neurologique
  • Examen cognitif : MMS (lien ) MOCCA (lien)
  • Syndrome cérébelleux 
  • Réflexes
  • Sensibilité des membres inférieurs
  • Aspect trophique de la peau et des muqueuses : desquamation, glossite
  • Signe oculomoteur : paralysie oculomotrice, paralysie de fonction, nystagmus orientant vers une d’encéphalopathie de Gayet-Wernicke
ORL
  • Examen buccal palpation bi-digital de la langue
  • Aires ganglionnaires
Systématique à réaliser 1 fois/an selon la SFA 2023
Bilan hépatique limité: NFS, TP, ASAT, ALAT, GGT
Selon indication :
  • En cas de facteurs de risque associés ou d’augmentation des ALAT, et/ou au moins 1 fois dans la vie : sérologie VIH, VHB, VHC
  • Bilan nutritionnel: albumine, pré albumine
  • Bilan d’une cirrhose
Aucune imagerie n’est systématique ni obligatoire
Fibroscan®, Fibrotest® ou FibroMètre Alcool®
-à réaliser 1 fois/an
-chez tout patient ≥ 40 ans avec un mésusage d’alcool (AFEF 2021)
IRM cérébrale
-utile pour éliminer un diagnostic différentiel (SFA 2023).
Hormis l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (SFA 2023 58), l’imagerie cérébrale a une faible sensibilité pour repérer les atteintes cognitives liées à l’alcool.